Par Denis FLORENT
Il faut comprendre le gouvernement. Il a bien fallu légiférer. Les producteurs de peinture rose fluo étaient au bord de la catastrophe : toutes les marques automobiles allaient trop à la facilité, ne pensant qu’à l’aspect industriel de leur activité, et construisaient beaucoup trop de voitures en noir, en gris, en rouge ou en bleu métallisé. L’industrie nationale de peinture rose fluo était en danger. Le problème est donc réglé.
Ça vous paraît idiot, non ? Bien sûr, c’est de la fiction. Mais dans notre métier, la radio, nous avons depuis des années accepté – et acceptons toujours – une situation absolument identique. Les fameux quotas de « production française ». Et personne n’en parle.
Autre fiction : chaque mois, l’État publie la liste des fournisseurs auprès desquels les constructeurs automobiles doivent passer commande. Impossible ? Dictatorial ? Soviétique ?
Alors, jetez un oeil sur ces deux pages-ci.
Nouvelles productions françaises
Artistes confirmés
Évidemment, si vous n’êtes ni Directeur des Programmes ni Responsable de la Musique, il y a de fortes chances que vous n’ayez jamais entendu parler de l’existence des ces pages-ci, publiées par "le Soviet Suprême" le CSA.
Je n’entrerai pas dans les détails de l’atrocité du procédé, liberticide et anti-industriel (mais bon, être anti-industriel semble être une qualité en France depuis 30 ans…). Pour vous faire peur, vous lirez les détails ici.
Ce qui est proprement hallucinant, c’est que sous la pression de machines à fric auto-proclamées « représentants des artistes d’expression francophone » (Sacem et consorts), toute une industrie – j’insiste, mais la radio, c’est du show-biz, pas du show-art – se retrouve pieds et points liés, se prend des amendes lorsqu’elle sort des clous, etc. Personne ne dit rien. Pourtant, ce n’est rien moins que dictatorial.
Car la réalité dont témoigne ce système est qu’une industrie qui manipule des millions d’euros dicte sa loi à une autre. La première ne vivant grassement que parce que la seconde est obligée de lui passer commande. Traduisez : la SACEM et ses sociétaires – dont également les éditeurs musicaux et toute une caste qui vit sur le dos des artistes – croulent sous les millions parce que la Radio en France est FORCÉE de diffuser ses « oeuvres ». Et ainsi, des horreurs comme Diam’s se retrouvent labellisés « artistes ».
Pour info, le montant total de la perception de la Sacem pour 2009 devrait s’élever à 763,5 millions d’euros – les chiffres définitifs seront disponibles en mars. Excusez du peu. Un petit rappel : il s’agit de l’argent récupéré en énorme majorité auprès des diffuseurs. C’est à dire de l’argent gagné suite à un enregistrement (un après-midi de boulot), diffusé ensuite des dizaines de milliers de fois par des radios. Je suis navré de rappeler ces évidences, mais lorsque toute une corporation se noie dans les plaintes (piratage, baisse des ventes, etc), il est bon de remettre les choses à leur place. Rappelons donc une dernière fois ce fait incontournable : l’argent principal fait par la Sacem, c’est de la diffusion d’oeuvres… enregistrées une fois pour toutes en studio. Et c’est CETTE industrie qui dicte sa loi à la nôtre. Il n’y aurait pas foutage, là, par hasard ?
Alors vous me direz : « Mais de quoi il se mêle, le Florent ? » C’est vrai, ça, quelle mouche m’a piqué ? Simple : je répondais cette semaine aux questions d’un ami en phase de reformatage d’une radio à Paris. Et lorsque nous évoquions le format idéal pour lui, celui qui correspondait à la bonne niche, le bon « trou » sur le marché, le format bien ficelé, qui se tient… nous avons du nous rendre à l’évidence : le Soviet Suprême n’autoriserait pas ce format-là. Et cette idée qu’un choix industriel est impossible parce qu’un fournisseur s’est transformé en lobby, c’est proprement insupportable.
La prochaine fois que vous entendrez un « nouveau talent français » sur une radio… si le doute vous vient… allez vérifier sur la liste. Vous verrez, c’est l’Etat qui aura décidé que ce gamin à capuche ou cette nénette sans voix est un « nouveau talent ».
Pendant ce temps-là, il y a Beyoncé, sublime, aux Grammy. Allez, c’est pas grave… restez avec Diam’s. Et vos voitures roses fluo. C’est pour votre bien.
Il faut comprendre le gouvernement. Il a bien fallu légiférer. Les producteurs de peinture rose fluo étaient au bord de la catastrophe : toutes les marques automobiles allaient trop à la facilité, ne pensant qu’à l’aspect industriel de leur activité, et construisaient beaucoup trop de voitures en noir, en gris, en rouge ou en bleu métallisé. L’industrie nationale de peinture rose fluo était en danger. Le problème est donc réglé.
Ça vous paraît idiot, non ? Bien sûr, c’est de la fiction. Mais dans notre métier, la radio, nous avons depuis des années accepté – et acceptons toujours – une situation absolument identique. Les fameux quotas de « production française ». Et personne n’en parle.
Autre fiction : chaque mois, l’État publie la liste des fournisseurs auprès desquels les constructeurs automobiles doivent passer commande. Impossible ? Dictatorial ? Soviétique ?
Alors, jetez un oeil sur ces deux pages-ci.
Nouvelles productions françaises
Artistes confirmés
Évidemment, si vous n’êtes ni Directeur des Programmes ni Responsable de la Musique, il y a de fortes chances que vous n’ayez jamais entendu parler de l’existence des ces pages-ci, publiées par "le Soviet Suprême" le CSA.
Je n’entrerai pas dans les détails de l’atrocité du procédé, liberticide et anti-industriel (mais bon, être anti-industriel semble être une qualité en France depuis 30 ans…). Pour vous faire peur, vous lirez les détails ici.
Ce qui est proprement hallucinant, c’est que sous la pression de machines à fric auto-proclamées « représentants des artistes d’expression francophone » (Sacem et consorts), toute une industrie – j’insiste, mais la radio, c’est du show-biz, pas du show-art – se retrouve pieds et points liés, se prend des amendes lorsqu’elle sort des clous, etc. Personne ne dit rien. Pourtant, ce n’est rien moins que dictatorial.
Car la réalité dont témoigne ce système est qu’une industrie qui manipule des millions d’euros dicte sa loi à une autre. La première ne vivant grassement que parce que la seconde est obligée de lui passer commande. Traduisez : la SACEM et ses sociétaires – dont également les éditeurs musicaux et toute une caste qui vit sur le dos des artistes – croulent sous les millions parce que la Radio en France est FORCÉE de diffuser ses « oeuvres ». Et ainsi, des horreurs comme Diam’s se retrouvent labellisés « artistes ».
Pour info, le montant total de la perception de la Sacem pour 2009 devrait s’élever à 763,5 millions d’euros – les chiffres définitifs seront disponibles en mars. Excusez du peu. Un petit rappel : il s’agit de l’argent récupéré en énorme majorité auprès des diffuseurs. C’est à dire de l’argent gagné suite à un enregistrement (un après-midi de boulot), diffusé ensuite des dizaines de milliers de fois par des radios. Je suis navré de rappeler ces évidences, mais lorsque toute une corporation se noie dans les plaintes (piratage, baisse des ventes, etc), il est bon de remettre les choses à leur place. Rappelons donc une dernière fois ce fait incontournable : l’argent principal fait par la Sacem, c’est de la diffusion d’oeuvres… enregistrées une fois pour toutes en studio. Et c’est CETTE industrie qui dicte sa loi à la nôtre. Il n’y aurait pas foutage, là, par hasard ?
Alors vous me direz : « Mais de quoi il se mêle, le Florent ? » C’est vrai, ça, quelle mouche m’a piqué ? Simple : je répondais cette semaine aux questions d’un ami en phase de reformatage d’une radio à Paris. Et lorsque nous évoquions le format idéal pour lui, celui qui correspondait à la bonne niche, le bon « trou » sur le marché, le format bien ficelé, qui se tient… nous avons du nous rendre à l’évidence : le Soviet Suprême n’autoriserait pas ce format-là. Et cette idée qu’un choix industriel est impossible parce qu’un fournisseur s’est transformé en lobby, c’est proprement insupportable.
La prochaine fois que vous entendrez un « nouveau talent français » sur une radio… si le doute vous vient… allez vérifier sur la liste. Vous verrez, c’est l’Etat qui aura décidé que ce gamin à capuche ou cette nénette sans voix est un « nouveau talent ».
Pendant ce temps-là, il y a Beyoncé, sublime, aux Grammy. Allez, c’est pas grave… restez avec Diam’s. Et vos voitures roses fluo. C’est pour votre bien.
1 commentaire:
Heureusement , il y a un endroit ou les radios sont (pour l'instant) encore libre ! Internet et vive les WEB RADIOS ! ;-)
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