mardi 19 août 2008

Journalisme et sémantique Olympique


Les mots pour le dire...

Comme je l'ai déjà expliqué, je boycotte les JO de Pékin 2008. Je ne regarde rien, n'écoute rien. Toutefois, il faut habiter la lune pour ne pas en entendre parler...

Je rentre chez moi ce soir et j'écoute en roulant France Inter avec mon pote Eric LANGE qui finit une émission sur "l'alcool". Puis, à 1h00, viennent les infos.

Pour la Nème fois cette année, j'entends un mot qui doit être à la mode chez les journalistes pour les JO : de libération à iTélé et BFM TV, en passant par France Inter ce soir, le mot "breloque" remplace parfois le mot "médaille"...

Il faut vraiment ne jamais avoir fait de sport pour utiliser ce mot, à la place de "médaille" !

Les JO c'est quoi ? C'est d'abord un rêve d'enfant, l'athlétisme, ce sport Mère, puis des années d'entraînement et enfin - seulement pour une infime petite élite mondiale - l'accès à ce Graal, à cet objectif de vie sportive qui n'a lieu que tous les 4 ans... Encore plus valorisant qu'un championnat du monde (qui lui a lieu chaque année), où certain sont heureux de simplement être qualifiés !

Alors une médaille... C'est faire partie de la légende des JO, de l'histoire du sport, c'est un trait d'union entre les Jeux Olympiques Anciens et soi-même. Si je voulais faire populaire, je dirais que "c'est Rocky", et si je voulais faire psy, je dirais que c'est d'abord un combat contre soi-même, pour aller au delà de ses propres limites.

Tout ça pour s'entendre dire par un(e) journaliste Français(e), le cul bien au frais dans son studio climatisé, qu'il a gagné "une breloque"... Quelle classe, quelle élégance du verbe !

Est-ce que moi je dis qu'il est un DJ de l'info qui recopie les dépêches AFP ? Non, ce serait méprisant pour son travail. Est-ce que dis que la France en 98 a gagné "la timbale" du monde ? Est-ce que parle des commentaires actuels sur Laure MANAUDOU, chez ceux-mêmes qui la qualifiaient de déesse, de sirène, de meilleure nageuse de tous les temps, il y a quelques mois seulement, et qui maintenant disent que sa carrière est finie à 22 ans ?? Un peu de réflexion en écrivant, ne diminue pas la puissance du message.

Je ne vais pas ici faire l'historique des JO, je ne vais pas non plus parler du côté sombre de ces mêmes JO. Je sais évidemment que l'on peut tout prouver et son contraire. La rhétorique est au final un jeu assez facile.

Juste ici, pour une fois, rester dans le domaine de l'absolu, de l'ultime effort, de l'olympe, des centièmes de seconde gagnés à coup d'heures d'entraînement, des enfants qui ont des posters de sportifs dans leur chambre et qui tremblent devant un départ à la télé.

Allez donc dire à un enfant qui vient de gagner une simple course scolaire qu'il a gagné "une breloque"...

Je sais que l'absolu n'existe pas mais - sans forcer - nous pourrions juste aller vers un peu plus d'élégance, et de respect pour des années d'effort, de l'enfant qui rêve, au sportif qui accomplit son rêve d'enfant.

Eric MADELON


7 commentaires:

BALBUZARD a dit…

Je suis en plein accord avec toi...
C'est "facile "
de dénigrer une médaille surtout quand on a soi-même rien obtenu...

Mathilde a dit…

La véritable valeur des choses est dans ce qu' elles représentent...
Le prix de l' effort est inestimable car de plus en plus en voie de disparition dans notre quotidien...
Il ne faut jamais tuer un rêve...

Nikko a dit…

Je vois qu'on écoute la même radio et le même animateur !

J'aime beaucoup l'émission d'Eric Lange "Allo la planète". (je pense que tu fais référence à "Ca vous dérange", celle de cet été).

Adios
Nikko

Nikko a dit…

Je viens de lire attentivement ton article.
Je le trouve très juste et je reconnais bien là le sportif haut niveau qui est en toi.

Les comparatifs sont très bien trouvés et bien formulés...

Well done mister Madelon !
Ca mériterait d'être dans le journal... (et non pas celui d'une DJette de l'info ;-)

Alain NIALA a dit…

Merci Eric d'avoir remis les pendules à l'heure... Effectivement, on n'a pas à se demander qui est la bre... loque dans des commentaires à la c... noix... Même ceux qui arrivent cinquième, quatrième, ou à un centième de seconde d'une médaille, ils ont droit à notre admiration et, pour les malchanceux, à notre soutien... car effectivement ce sont des années d'effort... pour ces derniers, même pas le plaisir d'avoir une... médaille. Ils ont eu seulement l'honneur de participer comme disait quelqu'un... qui aimait ceux qui voulaient se dépasser pour l'amour du sport...
Adieu la bre... loque. Vive la médaille de l'effort.

Anonyme a dit…

Figure-toi que j'ai allumé les jeux pour la première fois cette après-midi, par "fainéantise". Autant j'ai trouvé l'attitude des commentateurs de handball cleans lorsque la France à perdu il faut dire pas très justement face à la Russie (une aritre chinoise vraiment pas au niveau, et condescendante en plus). Autant pour la boxe j'avais un seule envie c'est que le français soient éliminé pour faire taire les chauvins professionels! Enfin c'est sùr que souvent les sportives russes ont un visage qui estompe rapidement le chauvinisme!

Anonyme a dit…

Pour ce qui est de la breloque, qu'il aille le dire à Nadal que ce qu'il a remporté c'est une breloque! Ce joueur a gagné 10 fois plus d'argent en remportant Wimbledon, mais il paraissait encore plus heureux avec sa médaille olympique. Pourquoi? Parce qu'un vrai sportif fait du sport un peu pour gagner de l'argent, mais surtout pout collectioner médailles, coupes, lauriers...bref ce qui le fait réver c'est les honneurs, les ovations et les hochets. L'argent vient de toute façon avec. Et les JO, c'est le plus beau sapin de noel du monde pour tout sportif! Alors pour moi à la limite, faire une allusion à l'enfance en disant "il a gagner son plus beau train électrique" ça rapproche plus de la réalité que breloque!