Pierre Bellanger : "Le moteur de la croissance sera l’Internet mobile, la radio se placera dans son sillage"
Plus personne ne doute que la radio soit à un tournant de son histoire. Depuis quelques années les sondages montrent un affaiblissement lent mais inéluctable de son audience. Bien qu’elle reste à un très haut niveau, avec plus de 80% de la population française à l’écoute au quotidien. Pierre Bellanger, le fondateur de Skyrock, et des premiers réseaux libre du début des années FM, s’est penché avec une rare acuité sur cette problématique. Celle d’un média confronté à l’émergence de l’âge des réseaux.
A cette occasion nous publions un entretien avec le Pdg de Skyrock
- ElectronLibre : Vous survolez les autres domaines, comme la musique ou la télévision dans votre analyse. Si vous appliquez le même raisonnement qui prévaut avec la radio, soit le retour à une essentialité du média, quels genres de modèles ou de services réussiront à s’adapter à l’arrivée de l’internet ?
- Pierre Bellanger : Retrouver sa mission, se libérer des moyens traditionnels pour y répondre et intégrer à cette nouvelle expression d’une part l’intelligence collective des utilisateurs, clef du succès de masse sur Internet et d’autre part la conversation électronique car la force d’Internet c’est le réseau social d’échanges électroniques. Après c’est à chacun d’imaginer, d’entreprendre. Tout le monde est en train de bouger dans ce sens.
- EL : L’arrivée de l’âge du réseau ne serait-il pas celui d’une mutation de la radio et des médias en général. Les groupes comme le Figaro, Libération ont choisi de concentrer leurs efforts sur un développement de leur marque et de leurs contenus via tous les types de médias. Ils ont des studios de télévision, et produisent des radios en ligne. Est ce une voie sans issu ? Ou, bien au contraire, la radio ne devrait-elle pas en faire de même et investir d’autres types de médias ?
- PB :Chacun réagit aux temps nouveaux avec ses équipes, sa culture et ses ressources, ce qui fait de chaque media une équation particulière, par conséquent, seul le pragmatisme compte, il n’y a pas de mauvaise réponse a priori. Ces périodes de transition sont si difficiles qu’on ne peut que saluer le courage nécessaire pour s’en sortir et s’abstenir de toute leçon péremptoire. Pour Skyrock, nous nous sommes « nétamorphosés ». C’est-à-dire que nous avons, d’une part, réinventé sur Internet notre vocation de libre expression populaire de la nouvelle génération en créant notre réseau social skyrock.com - qui compte aujourd’hui 35 millions de membres - et, d’autre part, la radio, quatre millions d’auditeurs chaque jour, s’est branchée sur la conversation électronique. Le studio d’antenne, notamment l’émission de Difool, est en relation directe avec les messages écrits des auditeurs qui arrivent par dizaine de milliers chaque jour. Cette mutation positive se poursuivra avec l’évolution de la radio sur Internet : la radio IP.
- EL : Le rapport que vous établissez entre "sites de communautés" et le ciblage marketing ou publicitaire, semble être un glissement de l’identité de la personne vers son adresse IP. Or, il n’est pas certain du tout que cela ne soit pas un nouvel écran, qui relativise encore la révolution marketing que vous annoncez. Toujours sur ce même sujet, de l’hyper-publicité, comment faites vous pour garantir que l’auditeur de Skyrock soit bien un utilisateur des SkyBlogs ? Et cela a-t-il d’ailleurs un sens...
- PB : Sur Internet les machines sont identifiées par une adresse et chaque machine en réponse à sa requête transmise à un serveur reçoit un message propre. Cette faculté permet de différencier les messages publicitaires au sein d’un programme en fonction des machines qui les reçoivent. Si l’on rapproche l’adresse de la machine, de son utilisateur - que l’on peut connaître et qualifier par ailleurs – il devient possible de constituer en temps réel des cibles et d’adresser à chacune, en même temps, des messages différents au sein du même programme. Si l’auditeur est membre d’un réseau social comme skyrock.com, il est probable qu’il se soit « logué » pour interagir et que par conséquent on puisse disposer d’une meilleure probabilité de qualification. Bien entendu, il existe de multiples autres méthodes de qualification utilisées actuellement sur le Web.
- EL L’impression que suscite votre analyse sur les raisons du succès futur des radios "vivantes", est une sorte d’euphorie, qui se rapproche de la conviction que "faire bien" est toujours récompensé. Vous rééditez cette analyse sur la partie consacrée au code informatique. Or, justement Windows a prouvé que la qualité du code n’a pas grand chose à voir avec son succès. Si l’on prend le contre pied de cette conviction, on peut ainsi établir finalement que des radios sans intérêts intrinsèques seront les grandes gagnantes sur l’internet car elles auront pallié leur manque de qualités par une meilleure distribution globale ou une astuce marketing. Voire un très fort investissement porté par un grand groupe. Qu’en pensez-vous ?
- PB : Le concept de radio vivante n’a rien à voir avec les notions de « faire bien » ou de « faire mal ». Il exprime le fait que c’est la seule forme de radio qui n’est pas avantageusement remplacée par des offres informatiques. Allez dire aux radios musicales de catalogue que c’est de l’euphorie ! En ce qui concerne le code informatique, j’exprime le fait qu’à armes égales, le meilleur gagne. Cela signifie qu’il est difficile de combattre Microsoft dans l’univers PC car Microsoft contrôle le principal système d’exploitation. En revanche, personne ne contrôle Internet et l’accès au réseau est libre, par conséquent une start-up comme Google y est à armes égales contre Microsoft. Ce qu’ils ont démontré. Les investissements sont certes le carburant de la course mais encore faut-il avoir un moteur.
- EL : Les puces multi-standards pour la réception des programmes via n’importe quels protocoles, hertzien, ou non, ne semblent pas être à l’heure. Et surtout n’avoir aucune place prévues dans les téléphones mobiles.
Les radios n’auraient donc d’autres alternatives que de passer par l’IP, sans autres passerelles vers l’auditeur. Comment alors résoudre l’équation financière ? Combien selon vous serait il nécessaire de taxer les agrégateurs ?
- PB : Les puces multistandard pour la radio et la télévision sont développées par Samsung, Intel, Qualcomm et Philips – notamment – depuis déjà plusieurs années tandis que Nokia et Siemens, par exemple, travaillent à leur intégration. Elles seront au cœur des prochaines générations de terminaux mobiles, comme des autres récepteurs intelligents. Les différents modes de diffusion et de réception coexisteront sans que l’utilisateur n’ait à s’en préoccuper puisqu’une même intelligence informatique décodera tous les signaux qu’ils soient numériques ou analogiques. Le moteur de la croissance du parc sera l’Internet mobile, la radio se placera dans son sillage. Pour les agrégateurs de programmes, la contractualisation entre parties suffit.
- EL : Vous stigmatisez les radios "main stream", véritables aspirateurs à publicité, mais sans saveur, ni prise de risques. Comment faire en sorte que les annonceurs prennent eux, le risque d’investir sur des médias forcément dérangeants, car "vivant", pour reprendre votre terminologie. N’est ce pas le problème que rencontre Skyrock et Skyblog ?
- PB : Je ne stigmatise personne et n’emploie pas le terme « main stream », j’explique que certains programmes sans valeur ajoutée sont menacés dans un univers véritablement concurrentiel comme le sera la radio IP. Quant à Skyrock, c’est le premier média radio et Internet de la nouvelle génération. Les plus grandes marques françaises et internationales nous font confiance avec raison. Nous sommes devenus une référence et une garantie de succès. Le risque a changé de camp. Le marché a compris Skyrock.
Source : Electron libre
Plus personne ne doute que la radio soit à un tournant de son histoire. Depuis quelques années les sondages montrent un affaiblissement lent mais inéluctable de son audience. Bien qu’elle reste à un très haut niveau, avec plus de 80% de la population française à l’écoute au quotidien. Pierre Bellanger, le fondateur de Skyrock, et des premiers réseaux libre du début des années FM, s’est penché avec une rare acuité sur cette problématique. Celle d’un média confronté à l’émergence de l’âge des réseaux.
A cette occasion nous publions un entretien avec le Pdg de Skyrock
- ElectronLibre : Vous survolez les autres domaines, comme la musique ou la télévision dans votre analyse. Si vous appliquez le même raisonnement qui prévaut avec la radio, soit le retour à une essentialité du média, quels genres de modèles ou de services réussiront à s’adapter à l’arrivée de l’internet ?
- Pierre Bellanger : Retrouver sa mission, se libérer des moyens traditionnels pour y répondre et intégrer à cette nouvelle expression d’une part l’intelligence collective des utilisateurs, clef du succès de masse sur Internet et d’autre part la conversation électronique car la force d’Internet c’est le réseau social d’échanges électroniques. Après c’est à chacun d’imaginer, d’entreprendre. Tout le monde est en train de bouger dans ce sens.
- EL : L’arrivée de l’âge du réseau ne serait-il pas celui d’une mutation de la radio et des médias en général. Les groupes comme le Figaro, Libération ont choisi de concentrer leurs efforts sur un développement de leur marque et de leurs contenus via tous les types de médias. Ils ont des studios de télévision, et produisent des radios en ligne. Est ce une voie sans issu ? Ou, bien au contraire, la radio ne devrait-elle pas en faire de même et investir d’autres types de médias ?
- PB :Chacun réagit aux temps nouveaux avec ses équipes, sa culture et ses ressources, ce qui fait de chaque media une équation particulière, par conséquent, seul le pragmatisme compte, il n’y a pas de mauvaise réponse a priori. Ces périodes de transition sont si difficiles qu’on ne peut que saluer le courage nécessaire pour s’en sortir et s’abstenir de toute leçon péremptoire. Pour Skyrock, nous nous sommes « nétamorphosés ». C’est-à-dire que nous avons, d’une part, réinventé sur Internet notre vocation de libre expression populaire de la nouvelle génération en créant notre réseau social skyrock.com - qui compte aujourd’hui 35 millions de membres - et, d’autre part, la radio, quatre millions d’auditeurs chaque jour, s’est branchée sur la conversation électronique. Le studio d’antenne, notamment l’émission de Difool, est en relation directe avec les messages écrits des auditeurs qui arrivent par dizaine de milliers chaque jour. Cette mutation positive se poursuivra avec l’évolution de la radio sur Internet : la radio IP.
- EL : Le rapport que vous établissez entre "sites de communautés" et le ciblage marketing ou publicitaire, semble être un glissement de l’identité de la personne vers son adresse IP. Or, il n’est pas certain du tout que cela ne soit pas un nouvel écran, qui relativise encore la révolution marketing que vous annoncez. Toujours sur ce même sujet, de l’hyper-publicité, comment faites vous pour garantir que l’auditeur de Skyrock soit bien un utilisateur des SkyBlogs ? Et cela a-t-il d’ailleurs un sens...
- PB : Sur Internet les machines sont identifiées par une adresse et chaque machine en réponse à sa requête transmise à un serveur reçoit un message propre. Cette faculté permet de différencier les messages publicitaires au sein d’un programme en fonction des machines qui les reçoivent. Si l’on rapproche l’adresse de la machine, de son utilisateur - que l’on peut connaître et qualifier par ailleurs – il devient possible de constituer en temps réel des cibles et d’adresser à chacune, en même temps, des messages différents au sein du même programme. Si l’auditeur est membre d’un réseau social comme skyrock.com, il est probable qu’il se soit « logué » pour interagir et que par conséquent on puisse disposer d’une meilleure probabilité de qualification. Bien entendu, il existe de multiples autres méthodes de qualification utilisées actuellement sur le Web.
- EL L’impression que suscite votre analyse sur les raisons du succès futur des radios "vivantes", est une sorte d’euphorie, qui se rapproche de la conviction que "faire bien" est toujours récompensé. Vous rééditez cette analyse sur la partie consacrée au code informatique. Or, justement Windows a prouvé que la qualité du code n’a pas grand chose à voir avec son succès. Si l’on prend le contre pied de cette conviction, on peut ainsi établir finalement que des radios sans intérêts intrinsèques seront les grandes gagnantes sur l’internet car elles auront pallié leur manque de qualités par une meilleure distribution globale ou une astuce marketing. Voire un très fort investissement porté par un grand groupe. Qu’en pensez-vous ?
- PB : Le concept de radio vivante n’a rien à voir avec les notions de « faire bien » ou de « faire mal ». Il exprime le fait que c’est la seule forme de radio qui n’est pas avantageusement remplacée par des offres informatiques. Allez dire aux radios musicales de catalogue que c’est de l’euphorie ! En ce qui concerne le code informatique, j’exprime le fait qu’à armes égales, le meilleur gagne. Cela signifie qu’il est difficile de combattre Microsoft dans l’univers PC car Microsoft contrôle le principal système d’exploitation. En revanche, personne ne contrôle Internet et l’accès au réseau est libre, par conséquent une start-up comme Google y est à armes égales contre Microsoft. Ce qu’ils ont démontré. Les investissements sont certes le carburant de la course mais encore faut-il avoir un moteur.
- EL : Les puces multi-standards pour la réception des programmes via n’importe quels protocoles, hertzien, ou non, ne semblent pas être à l’heure. Et surtout n’avoir aucune place prévues dans les téléphones mobiles.
Les radios n’auraient donc d’autres alternatives que de passer par l’IP, sans autres passerelles vers l’auditeur. Comment alors résoudre l’équation financière ? Combien selon vous serait il nécessaire de taxer les agrégateurs ?
- PB : Les puces multistandard pour la radio et la télévision sont développées par Samsung, Intel, Qualcomm et Philips – notamment – depuis déjà plusieurs années tandis que Nokia et Siemens, par exemple, travaillent à leur intégration. Elles seront au cœur des prochaines générations de terminaux mobiles, comme des autres récepteurs intelligents. Les différents modes de diffusion et de réception coexisteront sans que l’utilisateur n’ait à s’en préoccuper puisqu’une même intelligence informatique décodera tous les signaux qu’ils soient numériques ou analogiques. Le moteur de la croissance du parc sera l’Internet mobile, la radio se placera dans son sillage. Pour les agrégateurs de programmes, la contractualisation entre parties suffit.
- EL : Vous stigmatisez les radios "main stream", véritables aspirateurs à publicité, mais sans saveur, ni prise de risques. Comment faire en sorte que les annonceurs prennent eux, le risque d’investir sur des médias forcément dérangeants, car "vivant", pour reprendre votre terminologie. N’est ce pas le problème que rencontre Skyrock et Skyblog ?
- PB : Je ne stigmatise personne et n’emploie pas le terme « main stream », j’explique que certains programmes sans valeur ajoutée sont menacés dans un univers véritablement concurrentiel comme le sera la radio IP. Quant à Skyrock, c’est le premier média radio et Internet de la nouvelle génération. Les plus grandes marques françaises et internationales nous font confiance avec raison. Nous sommes devenus une référence et une garantie de succès. Le risque a changé de camp. Le marché a compris Skyrock.
Source : Electron libre
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